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Writer's pictureArthur Sandoval Clarinette

Respiration et instruments à vent

Updated: Sep 13, 2021

Au premier abord, respirer est une chose on ne peut plus naturelle. Cependant dès que nous commençons à ajouter de l’intellectuel à la respiration, celle-ci semble bien complexe. Il faut savoir que la respiration est un phénomène rare. Elle est à la fois incontrôlée dans le sens où il n’y a pas besoin d’y penser, et contrôlée car nous pouvons imposer une certaine cadence à notre respiration.


Cette double nature la rend très instable lorsque nous voulons l’utiliser

Lorsque nous jouons d’un instrument à vent, la respiration est fondamentale car l’air expiré une fois mis en vibration sera la base de notre sonorité. Il est donc crucial de consacrer du temps à cet aspect de notre jeu, cela permet de résoudre bien des problèmes.


Il existe de nombreux exercices d’observation de la respiration. Dans notre cas, je trouve que le plus utile est d’être capable d’observer notre respiration afin de nous inspirer du naturel.


L’observation


Après avoir effectué un scan corporel (voir l’article sur ce sujet), restez en position et commencez à prêter attention à votre respiration. La première difficulté est de ne pas chercher à juger ou contrôler. Qu’elle soit superficielle et bruyante ou profonde et silencieuse, rapide ou lente, il n’y a pas de bonne réponse, c’est votre respiration.


Pour observer notre respiration telle qu’elle est, nous allons trouver un point d’ancrage ou point d’observation. Cela peut être la sensation de l’air qui passe dans les narines, ou bien dans la bouche, la gorge. La sensation du frottement des vêtements sur un point particulier de la peau, ou n’importe quoi, du moment que vous pouvez être facilement présent sur ce point.


Après quelques respirations, reprenez un scan corporel en cherchant les effets qu’ont votre inspiration et votre expiration sur les différentes parties de votre corps. Ces sensations sont subtiles et ne seront pas évidentes au premier abord mais insistez le temps que vous pouvez rester présent puis changez.


Lorsque vous aurez pris conscience de la place que prend la respiration dans tout notre corps vous comprendrez qu’il n’est pas question de penser à gonfler le ventre ou de positionner la gorge de telle ou telle façon.


Laisser entrer l’air pleinement est une affaire qui concerne le corps tout entier

L’erreur qui nous bloque lorsque nous souhaitons prendre de l’air consciemment, c’est que nous ne nous concentrons que sur un ou deux aspects de la respiration alors qu’elle est entière et ne supporte pas d’être forcée en un point.


L’idéal est de parvenir à avoir la sensation que nous inspirons par tous les pores de notre corps


Le mythe de la quantité


Prendre de l’air, remplir nos poumons, faire le plein d’air. Toutes ces expressions peuvent amener de la confusion. Nous ne prenons pas l’air, il entre à l’intérieur de nos poumons par la dépression créée lors de la contraction du diaphragme. Remplir nos poumons ou faire le plein d’air peut donner l’impression qu’il suffit de se remplir le plus possible pour pouvoir jouer.



Pas besoin de souffler la maison des petits cochons lorsque nous jouons !

Il y a certes une quantité minimum d’air à inspirer pour pouvoir tenir une note. Elle dépend de la nuance, de l’instrument et du musicien. La réponse toute trouvée est de prendre le plus d’air possible. Cela pose cependant problème : que faire de cette quantité d’air ?


Certaines personnes répondront à la question en soufflant le plus fort possible, d’autres parviendront à envoyer l’air nécessaire à l’instrument mais cela demande un effort supplémentaire, celui de retenir l’air en trop qui ne demande qu’à sortir.


S’il était réellement nécessaire de remplir nos poumons à 100% à chaque inspiration pour jouer, comment ferions-nous lors des respirations rapides ? La respiration circulaire ne serait pas possible non plus. Cette première inspiration la plus grande possible est rassurante certes mais n’est pas nécessaire.


La gestion


Si la quantité n’est pas la réponse, alors en toute logique c’est la qualité qui entre en jeu. Concernant l’inspiration, nous l’avons déjà vu, c’est laisser entrer l’air qui est la meilleure solution. Je vais parler de l’expiration car c’est là le point que nous pouvons encore modifier.


La gestion de l’expiration n’est possible qu’avec une quantité d’air raisonnable dans les poumons

Trop d’air, nous serons en lutte, pas assez et ce sera bien compliqué. Il ne s’agit pas de faire vibrer l’air, les lèvres, la ou les anches le plus fort possible, il faut trouver le minimum de vibration qui nous donnera un son. Vous pouvez consulter mon article sur l’effort minimal pour plus de précisions sur ce concept.


Le flux d’air envoyé doit être visualisé comme étant un mouvement. Il nous faut l’accompagner jusqu’au bout, jusqu’à ce que le son s’évanouisse. Le son est entendu car les molécules sont mises en mouvement par la vibration créée lors de l’émission du son. J’aime imaginer que j’accompagne l’air et le son jusqu’à ce que la vibration cesse.


En accompagnant avec une présence plus forte, en visualisant aller plus loin ou faire vibrer davantage l’air autour de nous, nous obtiendrons nos nuances sans perdre la qualité du son. Si nous imaginons qu’il faut souffler fort pour obtenir une nuance forte, nous déformerons notre son car nous soufflerons d’une façon différente.


Une approche moins poétique et plus pragmatique consiste à s’entrainer à allonger le plus possible notre expiration avec une inspiration stable. Par exemple deux temps d’inspire, six temps d’expire puis huit au lieu de six etc... Par la suite il est aussi possible de travailler les nuances sans instrument, toujours en imaginant accompagner l’air, jamais en l’expulsant hors de notre corps.


C’est de la présence accordée à l’air expiré que dépend la qualité du son, sa projection et la durée des phrases

Il y a autant d’approche de la respiration que d’instrumentistes à vent, j’espère cependant que celle que je propose aujourd’hui apportera un éclairage différent aux autres informations dont nous disposons.


Bonne pratique et n’oubliez pas de vous amuser

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