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L'instrument, allié et partenaire

L'instrument de musique est le moyen d'expression du musicien. C'est à lui qu'est confié ce que l'artiste veut exprimer. Trop souvent nous voyons des instrumentistes lutter contre leur instrument, en arrivant à le voir comme un obstacle, ou une gêne.

Ce constat est bien triste car alors le sentiment de lutte se transmet dans la musique et parvient jusqu'aux auditeurs, enlevant une partie fascinante de la Musique comme de nombreux autres arts : donner l'impression que c'est facile.

Les chanteurs et chanteuses ne sont pas forcément une exception. C'est même parfois pire, car alors lutter contre sa voix, la contraindre par la force, revient à lutter contre une partie de soi-même. C'est alors que de nombreuses blessures peuvent arriver.

Or, cette sensation de perte de liberté ou de contrôle avec l'instrument provient quasiment toujours du fait que nous modifions notre posture en jouant, et perdons une partie de notre équilibre en ce faisant. Inconsciemment, les douleurs ou la sensation désagréable qui vient lorsque nous jouons devient une colère contre la cause de ces désagréments : notre instrument.


Ce ressentiment peut être très vicieux, au point qu'il arrive que je me demande si c'est un hasard que ce soient souvent les mêmes personnes qui fendent leurs clarinettes, cassent des archets ou des cordes.


La posture du musicien


Comme j'en ai parlé dans l'article sur le corps, il s'agit du premier instrument du musicien. Il est important de trouver une position neutre optimale pour notre corps. D'après mes observations et mon expérience, il y a trois critères à remplir qui permettent de déterminer si la posture optimale a été trouvée :


· La respiration est libre et facile. Les mouvements inspiratoires notamment ne font pas participer les muscles inspirateurs superficiels, uniquement le diaphragme


· L'endurance est quasi sans limites. La posture ne provoque pas de fatigue le temps que nous jouons


· La liberté de mouvement est trouvée. Il est possible de faire un pas, de se déplacer ou de se lever quand on est assis sans avoir besoin de passer par une position intermédiaire


Un temps non négligeable doit être passé à rechercher cette posture. L'avantage est que nous avons potentiellement toutes nos activités pour expérimenter étant donné que nous sommes toujours dans notre corps. Ainsi, pas besoin d'inclure un moment spécifique dans la journée, il suffit de se rappeler de temps à autre d'être à l'écoute. La répétition et la régularité feront le reste pour que l'habitude soit prise.


L'aisance qu'il est alors possible de ressentir peut devenir un repère pour l'avenir quand il s'agira d'inclure l'instrument. Lorsque l'équilibre des trois paramètres a été trouvé, nous pourrons passer à l'étape suivante.


Inclure l'instrument


J'insiste ici sur le choix du mot, inclure et pas tenir ou se tenir devant l'instrument. L'astuce et la difficulté sont ici de conserver la posture optimale que nous aurons développé, en jouant de l'instrument.


Dans un premier temps cette approche est complexe. Il faut perdre l'habitude d'aller vers l'instrument voire de s'appuyer dessus. A l'inverse, il faut faire venir l'instrument dans notre équilibre et le rendre participant mécanique de notre posture.


Les sensations trouvées lors de l'expérimentation de la posture seront les clés pour trouver votre posture de jeu optimale. Afin de simplifier la tache, il est envisageable de repérer un seul élément qui pourra être la position de la tête ou du bassin par exemple et sentir ce qui a tendance à être modifié lorsque nous ajoutons l'instrument. Petit à petit c'est l'ensemble du corps qui devra être observé.


Une nouvelle fois, le travail devant miroir ou en se filmant sera très utile


Les difficultés techniques


En arrivant devant une difficulté technique, c'est là que ressurgissent toutes nos tendances naturelles. En effet, nous avons le réflexe dans une situation de difficulté, à nous focaliser sur un point précis.


Cette tendance nous fait perdre de vue la globalité de la posture

Lorsqu'une difficulté nous fait perdre de vue l'ensemble de la posture, nous perdons nécessairement au moins un des paramètres ( respiration, endurance, liberté de mouvement). Cela se manifeste de différentes façons selon le ou les points concernés. Le résultat inévitable étant soit une perte de contrôle, soit des dégâts faits au corps ou à l'instrument de musique.


Il est salutaire de repérer la tendance que nous avons lorsque nous rencontrons une difficulté. Dans la plupart des cas il est inutile de jouer tant cette tendance est fermement ancrée. Imaginez-vous simplement en train de jouer une partie difficile, et notez les changements dans votre corps. La cage thoracique, la nuque ou les épaules semblent-t-elles se raidir ? Vous sentez-vous partir en avant, en arrière ou sur un côté ? Votre respiration devient-elle différente ?


Selon les réponses que vous trouverez à ces questions, vous connaitrez votre tendance. En arrivant à un passage difficile vous saurez quoi guetter.


En être conscient est le premier pas vers la résolution !

Pour conclure, la posture concerne l'ensemble du corps. C'est de ce point de vue global qu'elle doit être envisagée. L'inclusion de l'instrument dans la posture doit être faite de manière progressive et avec la volonté sincère de ne faire qu'un avec lui.


De cette façon, nous ne lutterons plus contre notre instrument, nous en ferons réellement un allié avec lequel nous relèverons les plus beaux défis musicaux et transcenderons nos capacités. Cette relation apaisée nous permettra d'être uniquement préoccupés par l'expressivité qui sera facilitée.


Bonne pratique et n'oubliez pas de vous amuser !



L'instrument, plus qu'un objet, devient un vrai complice

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