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L'après séance

Dans des articles précédents, j’ai traité de l’attitude à développer pendant la séance et avant la séance. Il manque encore deux temps, l’entre deux séances et l’après séance. Le premier de ces temps fera l’objet d’un article synthétisant tous ces différents moments. Dans l’article d’aujourd’hui, intéressons-nous à l’après séance.


Comme j’en ai déjà parlé dans l’article sur la présence, je ne ferai que résumer ici. Notre intention est fondamentale dès lors que nous avons l’instrument en main. C’est cette capacité de présence que nous saurons développer avec le temps qui nous permettra de rendre nos séances les plus propices aux progrès.


Cela est vrai avant de commencer, lors de l’échauffement. Ce moment sas pour se préparer à jouer. Cela est aussi vrai lorsque nous sommes dans l’action de jouer, et le reste quand nous avons fini de jouer.


A la clarinette, nous sommes obligés à un minimum de rituel lorsque nous avons fini : démonter l’instrument, le nettoyer, le ranger, cela demande du temps. J’ai souvent remarqué en fin de répétition, l’habitude générale de ranger le plus vite possible. Partir en parlant complètement d’autre chose est très répandu. Je vous propose de développer quelques habitudes.


Ces habitudes servent des objectifs précis :

· Réduire les tensions résiduelles et les risques de blessures

· Réfléchir à une approche physique différente

· Faire le point sur notre avancée en direction de nos objectifs

· Formuler de nouveaux objectifs

· Entretenir la motivation


Quand arrêter la séance ?


C’est une question à laquelle il appartient à chacun de trouver une réponse. Cependant d’expérience, je recommande d’avoir un temps fixé afin de ne pas trop se fatiguer et garder une bonne présence jusqu’au bout de la séance.


Il est important de noter qu’il n’est pas obligatoire d’avoir fini son plan de séance pour s’arrêter. Dans le même temps, il n’est pas question de se forcer à jouer jusqu’à l’heure prévue si nous avons épuisé nos ressources de travail ou que nous sommes fatigués


En règle générale, outre le temps dont j’ai parlé, et les messages d’alarme du corps (douleur) ou de l’esprit (frustration, colère), il s’agit de retenir ce principe :


Rester sur sa faim pour avoir envie d’y revenir

L’après séance est aussi un moment important de retour à la réalité, pour que nous puissions être de nouveau disponibles aux autres activités de la journée. En cas de séance tardive, cela peut aussi faciliter le retour au calme pour s’endormir.


Dans cet article, je parlerai de la fin de séance individuelle. En groupe, c’est un des rôles du chef de faire un bilan général et de proposer un moment après jeu qui permette de revenir à la vie courante. Cependant la première étape en solitaire (démonter l’instrument) doit être réalisée après en séance de groupe. Ecouter son corps est imaginable également en collectif mais il faut amener progressivement les participants à cela.


Ranger son instrument de musique, écouter son corps


La première partie de ce paragraphe s’adresse aux instrumentistes. Quand vient le moment de finir, en dehors d’un impératif de départ qui ne devrait pas arriver si vous avez surveillé l’heure, prenez le temps de démonter votre instrument. Par respect pour le lien unique qui vous lie, prenez en soin. Enlevez la poussière qui a pu s’installer, les traces de doigts, la moindre trace d’humidité pour les instruments à vent. Fermez bien votre étui en pleine présence afin d’éviter son ouverture fortuite et la chute de votre instrument


Ranger son instrument, c’est lui dire « au revoir, à la prochaine séance »

Le cas des chanteuses et des chanteurs est particulier, cependant, même si leur instrument reste en eux, le passage de la voix chantée à la voix parlée doit s’opérer de la même façon.

Une fois cette action réalisée, il est temps de se mettre à l’ écoute de son corps. Nous pouvons réaliser un scan corporel afin de chercher les tensions. Il s’agit d’être honnête : dans un premier temps il est valorisant de penser que l’on est parfaitement détendus, cependant c’est une chose quasi impossible. Sentir une tension n’est pas un échec, c’est l’occasion de se remettre en question et d’interroger notre posture. C’est une piste à explorer pour comprendre d’où cette tension est née, et la guetter lors de la prochaine séance. C’est aussi une inspiration pour savoir où se masser !


Etirements et massages


Après la séance, le corps a travaillé, et même en tant que chantre de l’effort minimal, je trouve encore des expériences qui créent de la tension. Déchiffrage, succession de notes rapides, notes écrites petites entre autres. Nous sommes humains après tout, et au niveau auquel je suis arrivé, je ne trouve toujours pas la posture pour jouer de la clarinette naturelle. Cela induit forcément de la tension.


Nous avons dit au revoir à notre instrument de musique en le rangeant. Maintenant, récompensons ce que j’appelle notre premier instrument, notre corps avec des étirements et des massages. Résumé d’anatomie :


Les muscles sont rattachés aux os via les tendons. Grâce aux articulations, la contraction d’un muscle amène à un mouvement. Lorsqu’un muscle se contracte, il diminue en longueur, donc les tendons sont étirés. Un muscle mal relâché va ainsi continuer de solliciter les tendons auxquels il est rattaché. Ces tendons vont se fatiguer et se défendre en créant une inflammation (tendinite) qui pourra aller jusqu’à une déchirure (ouille).


De plus, un muscle déjà raccourci perd en capacité de contraction, comme s’il n’avait pas assez d’élan pour agir. Les étirements visent à permettre aux muscles de retrouver leur longueur naturelle donc leur tonus, et à relâcher les tendons.

Lorsqu’un muscle travaille, il consomme du carburant et créé donc des déchets. Ces déchets sont récupérés via le sang. L’intérêt des massages est de favoriser la circulation sanguine dans le muscle pour accélérer ce traitement des déchets et améliorer la capacité de récupération.


Je ne présenterai pas une séance type d’étirements et de massages ici, ce sera peut-être le cas si j’en reçois la demande. Chaque personne est différente dans son corps et sa pratique. En règle générale, il y a trois zones à cibler : mains/avant-bras, mâchoire/cou/trapèzes/épaules et dos/bassin/abdomen. Bien sûr de la tension peut aussi être crée involontairement au niveau des membres inférieur, mais c’est particulier à chaque individu.


Le bilan


Cette illustration semble familière ? Normal ! C'est la remise en question permanente qui nous accompagne



Nous avons rangé nos instruments, faisons encore travailler un peu le mental. Si nous avons pris des notes pendant la séance, c’est le moment de les ressortir, sinon il vaut mieux faire le bilan à chaud. Le plus important pour moi est de commencer par ce qui a marché. Comme disait Louis Aragon :


Rien n’est jamais acquis à l’Homme

Soyons conscients de ces petites réussites, de ces exploits quotidiens et ne dévalorisons pas nos efforts en catégorisant les résultats atteints comme normaux.


C’est le moment de voir si nos objectifs sont en bonne voie d’être atteints ou pas. Coincé sur le même passage depuis trois séances ou plus ? Il est temps de repenser son approche. Même chose si l’avancée ne correspond pas à notre objectif temporel. Il faut faire preuve de souplesse et s’adapter.


Au contraire nous avons atteints un objectif trop vite ? Nous pouvons tout à fait acter cela en repoussant un peu plus loin la limite de nos attentes. C’est aussi et surtout l’occasion de comprendre ce qui a si bien fonctionné dans l’approche. Cette façon de nous connaître nous permettra d’appliquer les principes qui fonctionnent le mieux sur nous dans d’autres domaines.


Enfin, plus important mais aussi plus délicat, il faut mettre en perspective la séance et son bilan avec notre état général. Pas la peine de tirer une conclusion définitive d’une séance si on sort d’un mois d’arrêt ou après avoir été malade !


Notre allié et aide objectif sera la captation, sonore ou vidéo


Le retour à la vie


Après toutes ces démarches, ces notes prises, ces réflexions, nous pouvons avec confiance débrancher le logiciel pratique de la musique. C’est une démarche peu habituelle pour quelques uns, que de savoir arrêter de penser instrument et revenir à une vie civile.


En tant qu’artistes, nous avons du mal à revenir à l’humain que nous sommes. D’autant plus lorsqu’il s’agit de notre profession. Il est impératif de cloisonner notre vie. Il y a un moment pour la musique, un autre pour les amis, la famille, une autre passion etc... Nous sommes capables de faire cela et nous n’en devenons pas de moins bon artistes. Du moment que nous avons bien préparé notre séance, bien pratiqué, que nous avons su tirer un bilan des actions précédentes, nous n’en reviendrons à l’instrument qu’avec plus de bonheur.


Et c’est bien là un secret de la motivation, créer un circuit de récompense lorsque l’on prend l’instrument. Disons qu’une personne joue 3 heures dans la journée, si cette personne pense à son instrument pendant 20h, elle n’aura qu’une heure de moment pour elle. Sa vie ne sera qu’instrument et son jeu sera appauvri. Lorsque nous vivons pleinement toutes les expériences que nous propose la vie, nous en sortons enrichis et cela se reflète dans le jeu.


Ainsi, une fois que nous avons bien joué, noté nos progrès et décidé ce qui nous attend pour la suite, prenons le temps de prendre quelques respirations pour revenir à notre vie quotidienne.


Enlevons le costume de musicien et profitons de notre vie d’humain au maximum


Bonne pratique et n’oubliez pas de vous amuser !


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