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Le secret de la technique instrumentale enfin révélé

Note importante : Dans cet article, j'ai décidé de partager un bout de mon chemin personnel et les réflexions qui ont découlé. La vérité qui peut apparaitre n’est que la mienne. Cette pensée n’est qu’une somme des mes remarques personnelles me semblant suffisamment différente du discours général pour être exprimée. Ce raisonnement a duré longtemps et est nécessairement raccourci, et décrit d’un manière continue. Il y a eu de nombreux détours, retours en arrières, et nouveaux départs. Après beaucoup d’hésitations, je le publie enfin pour amener à réfléchir et peut-être libérer des blocages.


Voilà des années que vous pratiquez votre instrument, le temps passe et vous avez atteint vous semble-t-il, un plateau. Vous avez pris des cours avec des professeurs plus ou moins renommés qui ont tous eu à cœur de vous transmettre ce qu’ils savaient. Pourtant malgré l’application que vous mettez à respecter ces instructions, certains points techniques restent obscurs, des notes ne sortent pas, des intervalles sont

difficiles et vous n’arrivez tout simplement pas à jouer ce qui devrait être à votre portée.


Une fois ce constat fait, deux options possibles à première vue si vous voulez du moins continuer à jouer de la musique : accepter et vous dire que depuis le temps, rien ne peut plus changer, vous priver du plaisir d’apprendre en décidant que sur le chemin instrumental, c’est là que vous vous arrêtez. Autre option, chercher à accumuler plus de connaissances, aller chercher des idées pour trouver une solution à vos blocages.


Chercher des solutions, trouver la réponse


J’avais à l’époque penché pour la deuxième option, collectionnant livres, articles, visionnages de vidéos, questions posées etc. Deux choses m’ont frappé dans cette démarche dans les premiers temps : tout d’abord une sorte d’uniformité des discours, promettant monts et merveilles à qui appliquait la méthode proposée, restant au fil des intervenants sensiblement la même. Ensuite, une sorte de campagne de dénigrement contre les quelques personnes qui proposaient des approches un peu différentes, comme si, sorties du chemin général, ces idées n’étaient pas valables, même si émises par des personnes très compétentes.


Cependant bon élève et friand du modèle selon lequel la multiplicité d’apparition d’une théorie lui donne davantage de valeur, j’ai fait le choix de prendre l’expression majoritaire comme modèle. Les heures, les jours et bien vite les années se sont succédés avec une évolution plus lente que ce qui était annoncé mais avec constance. Je pensais alors que cela s’expliquait par mes mauvaises habitudes d’avant, que je m’y prenais mal et que les exemples réussis d’application de la méthode étaient suffisamment nombreux et brillants pour me convaincre.


Il est bien plus rassurant d'imaginer qu'il n'existe qu'une façon de faire et qu'il suffit de la maîtriser pour jouer sans difficulté

Première dérive : devoir maîtriser constamment ces paramètres, remettre dans le rang ce qui ne correspondait pas aux consignes, m’interroger de manière permanente sur ce qui était bien ou mal, me coupait du plus important : ce que je voulais exprimer et surtout, me faire plaisir en jouant.


Pratiquer l’instrument était devenu une série de consignes contraignantes menant à un résultat souvent fade et ne m’apportant aucun sentiment positif

Les recherches ont donc continuées. Les connaissances emmagasinées étaient sagement dispensées à mes élèves, et s’il y avait parfois un accroc ou deux, une bonne partie d’entre eux s’en sortait bien. Ceux qui ne s’en sortaient pas étaient comme moi, avec plus de lenteur à assimiler et au fond, pas si doués que ça. J’avais donc plus de valeur à persévérer étant donné que je m’accrochais et continuais à apprendre davantage. Au fond de moi j’étais devenu sans m’en rendre compte, identique aux personnes que j’avais surprises à critiquer vertement les adeptes d’une pensée différente. Assez rapidement j’allais réaliser ces dérives.

Un secret bien gardé pourtant à la portée de toutes et tous


Arrive maintenant l’élément perturbateur dans la belle mécanique mise en place au point précédent :


Fort de ces années d’expérience, de ces connaissances qui m’auraient permis d’écrire plusieurs tomes sur la clarinette, je continuais donc de dispenser et de pratiquer l’approche générale, m’appuyant sur les mêmes démonstrations rhétoriques. Si parfois il m’arrivait de tricher pour marquer davantage l’effet de telle ou telle instruction, je pensais au début que c’était parce que je ne maîtrisais pas suffisamment l’approche, puis c’était devenu assez normal, passant à un niveau inconscient. En parfaite imitation des nombreuses personnes que j’avais pu voir et entendre.


Finalement, c’est un enfant qui m’a aidé, alors que je donnais sans trop y réfléchir les mêmes instructions que d’habitude, cet élève m’a répondu qu’il n’y arrivait pas, malgré ses heures de travail, son application et sa bonne volonté. Ne doutant pas du sérieux et des capacités de cet élève, j’ai dû m’avouer qu’avec toute mon expérience, mes essais, mes certitudes, je n’arrivais pas non plus à appliquer cette consigne qui semblait pourtant basique, et que personne n’avait remise en question aussi ouvertement.


Troublé, j’ai alors décidé d’aborder différemment les choses : observer les grands clarinettistes sur des vidéos et des photographies, les excellents clarinettistes que je côtoyais, les professeurs que j’allais encore voir. Chacun et chacune avait des défauts quasi handicapants si je me référais au modèle que je tentais d’appliquer. Un tel respirait en gonflant la poitrine, une autre penchait la tête, d’autres levaient les doigts haut au dessus de l’instrument, gonflaient une ou les joues, ne tendait pas le menton ! Des hérésies ! Sans parler que l’intérieur de leurs bouches restaient invisible, mais pourtant, des larynx semblaient monter, et parfois, les mâchoires n’étaient pas immobiles ! Double hérésie ! Et pourtant ils semblaient tous très à l’aise, jouaient sans de poser de questions de façon apparente, à un niveau dont j’osais à peine rêver, et surtout, ils semblaient prendre du plaisir à jouer.


Je l’avoue, dans la confusion et dans le besoin de rester attacher à mon système de pensées, j’ai pensé qu’il s’agissait avant tout de personnes particulièrement douées. Ces gens-là, pensais-je, sont sur une autre planète et les instructions fixes ne s’appliquent pas à eux, seulement au commun des mortels.


Ce que cachent les instructions des professeurs


Cependant, la machine était grippée, le doute s’installait : Même avec des facilités, il n’y a pas de raison que ces personnes atteignent un tel niveau, obtiennent un tel son en méprisant ainsi les bases fondamentales.


L’heure était venue de remettre tout à plat encore une fois. Certaines consignes, certaines images fonctionnaient pour moi, et pas d’autres. Ce qui était évident pour moi n’était pas accessible à quelques élèves, et certaines choses que je ne maîtrisais pas, fonctionnaient à merveille pour ces mêmes élèves. Il y avait donc matière à réfléchir et à comprendre.


Les instructions des professeurs n’étaient pas fausses, ils ne cherchaient pas à tromper ni à limiter les gens et leur démarche était noble dans le fond. Qu’avaient-ils à y gagner autrement ? Si ce n’était pas le fond, c’était donc la forme. La réponse me parut si évidente que je ne comprenais pas pourquoi je n'y avais pas songé plus tôt :

Ils se contentaient de décrire ce qui marche pour eux

Retour aux sources : les traités et méthodes historiques que j’avais laissés de côté depuis bien longtemps, jugés surannés par rapport à l’évolution actuelle du jeu de la clarinette et la démarche quasi scientifique de l’approche nouvelle, basée sur des faits, des notions de physique, même des images filmées de l’intérieur de la bouche, par caméra ou rayons x !


Qu’ai-je lu ? Des instructions somme toute assez vagues au début du XIX, puis de plus en plus précises et directives vers la fin du XIX, menant à un tournant au début du XX historique, jusqu’à devenir finalement de véritables modes d’emploi de nos jour, avec des étapes pour avoir une embouchure parfaite, quasi identiques au montage d’un meuble, pensais-je alors.


Pire, certains noms très réputés et dont certains se réclamaient les héritiers, avaient parfois écrit l'inverse de ce qui est décrit de nos jours

Cette comparaison du meuble en kit m’a alors mené à la suite de la réflexion : lorsque les différentes parties ont été bien conçues, tout s’emboite bien, et il n’y a pas de problème. Il arrive cependant qu’un trou ne soit pas parfaitement aligné, amenant à devoir forcer pour placer la vis, et l’équilibre général de la table se retrouve compromis. Si l’outil adapté aux vis spéciales est égaré, ou n’est pas fourni, impossible de monter le meuble ! Vous avez peut-être aussi connu cette angoisse de trouver une vis toute seule à la fin, de ne pas savoir où est sa place, et finalement utiliser le meuble qui s'avère fonctionnel.


Bien sûr ! Que les méthodes nous considèrent comme des meubles en kit, c’est une aberration ! Il n’y a pas de méthode qui vaille, pas de vérité applicable à toutes et tous du point de vue de notre construction technique personnelle. Cet universalisme esthétique de l’embouchure, du détaché sont des illusions. Baser la validation d’approches se voulant scientifiques par les exemples de personnes chez lesquelles elles fonctionnent, c’est de la fausse science.


Ne serait-il pas plus intéressant de filmer l’intérieur de la bouche des personnes qui ne parviennent pas à bien jouer pour comprendre ce qui gêne ?

Les instructions ont valeur de suggestions : ce qui a été oublié dans la forme c’est d’ajouter que si elles fonctionnent pour nous, il faut les garder, et que si elles ne fonctionnent pas, il faut essayer autre chose. Le champs des possibles est immense et nous avons tous le droit de jouer sans nous poser de questions existentielles. Le travail du professeur consiste à s'adapter à chaque élève, au point de chercher avec lui sa façon de jouer, même si elle doit être contraire à ce qui était enseigné de base.

Il ne reste qu’un travail à réaliser, le seul qui soit indispensable de mon point de vue.


Un travail indispensable

Après ce titre attirant, ce développement relativement long, le temps est venu de vous partager ce qui est devenu mon approche de la technique instrumentale.


Si vous avez suivi mes différents articles sur ce blog, vous m’avez rarement vu donner des instructions précises sur comment jouer. Des envies remontent parfois, anciens échos de mes pratiques passées, nul n’est parfait. Cet article donne la raison de ce manque d’instructions détaillées que nous recherchons malgré nous.


En vous appuyant sur les bases de la clarinette, et sur l’expérimentation, vous avez sûrement compris où je souhaite emmener les élèves maintenant. Je vais vous donner ce qui me semble à l’heure actuelle, la clé menant aux progrès.


Pour reprendre une approche scientifique, observons l’objet clarinette -je parle de cet instrument car je le connais, tout est transposable à d’autres instruments- de manière schématique, le son est émis par la vibration de l’anche, qui a pour origine le souffle de l’instrumentiste. Les différentes notes sont obtenues à partir de combinaison de trous bouchés, et de clés activées. C’est très réducteur, mais il me semble que jusque là, rien ne peut être objecté.


Allons plus loin : le souffle sera émis par la bouche, la taille du bec excluant les narines. La disposition des trous et des clés surtout, nous oblige à utiliser la main gauche pour le corps du haut et la main droite pour le corps du bas, ce qui, couplé avec le positionnement dans la bouche, fait tenir la clarinette devant soi.


Deux dernières choses me semblent irréfutables : le souffle devant être envoyé dans le bec, les lèvres et la bouche, d’une façon ou d’une autre dirigent l’air plus ou moins directement dans le bec. Afin de bien effectuer les différentes notes, les trous doivent être entièrement bouchés (en considérant que l’instrument est bien réglé et correctement monté)


Il s’agit là pour moi des faits les plus basiques et ce qui suit ne devient que convention et préférence personnelle: Les premiers clarinettistes jouaient anche vers le haut avant de changer. Certains jouaient et jouent encore avec les deux lèvres couvrant les dents.


C’est là qu’arrivent les expérimentations, pouvant être guidées et seulement guidées par les différentes instructions que nous pouvons trouver ou recevoir directement. Par exemple, la consigne d’utiliser le bout de la langue sur le bout de l’anche pour détacher n’est qu’une façon de faire parmi d’autres. La consigne de ne jamais gonfler les joues a des limites quand par exemple la justesse ou le timbre sont maîtrisables par une personnes en utilisant judicieusement cet espace.


Une écrasante majorité du résultat est basée sur notre corps

Pour conclure, la leçon ultime est donc de chercher ce qui nous semble le plus naturel pour nous, tout en utilisant nos oreilles et des moyens d’enregistrement pour contrôler le résultat. Le tout en restant à l’écoute de notre évolution personnelle et physique, sans rien prendre comme acquis.


Votre meilleure façon de jouer ne viendra que de vous, les autres pourront donner des images très inspirantes et les vôtres pourront ressembler, mais tant que vous ne les aurez pas développées, expérimentées et ressenties vous-mêmes, ce ne sera pas vraiment votre technique personnelle.


Concernant les instruments à vent, je reste convaincu qu’ils ne sont joués avec expression que lorsque le façon de jouer devient aussi naturelle que parler. Nous avons toutes et tous notre façon d’ouvrir la bouche, d’articuler, nos accents, le plus important est de se faire comprendre et d’exprimer ce que l’on a à dire.


Bon travail, et n’oubliez pas de vous amuser !



Tout le monde possède son propre secret. Le proposer aux autres sans vouloir l'imposer est encore plus difficile que de le découvrir.

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