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L'écoute respiratoire

En tant que musiciens, une des choses qui est le plus naturel, c'est d’écouter de la musique. Cependant il existe plusieurs écoutes possibles qui ont chacune des répercussions différentes.


La musique est complexe et les différents éléments qui la compose peuvent être l'objet d'une conscience particulière de notre part.


Je ne remets pas en question l’habitude des personnes qui écoutent de la musique d'une façon que je nommerais passive c'est-à-dire en faisant autre chose. Sachez cependant qu’il y a encore plus de bénéfices à tirer en étant plus actifs dans l'écoute.


Au sein de l'article sur la pulsation j'avais fait allusion à l'idée d'écouter uniquement la pulsation de la musique. C'est une forme d'écoute active, où nous éveillons notre conscience à cet aspect de la musique.


Dans l'article d'aujourd'hui, je vais partager avec vous ce qui est pour moi l'écoute active la plus bénéfique pour l'interprétation. Pour commencer, les musiques tonales (dans lesquelles les différents degrés de la gamme ont des fonctions particulières) sont plus propices à ce concept.


L'écoute respiratoire c'est quoi ?


Un peu à l'image de certaines formes de méditations basées sur la respiration, nous allons respirer au rythme de la musique. Ce n'est pas toujours évident au début, il s'agit d'expérimenter. Comme souvent dans les expériences que je propose, il n'y a pas de risque de blessure ni de mauvaise réponse !


Pour les personnes qui ont déjà une oreille formée, on pourrait dire que l'inspiration correspond aux moments de tension dans la musique et l'expiration à la résolution. Les poumons sont pleins au paroxysme d'une phrase musicale et vides avant de commencer une nouvelle phrase.


Je rappelle encore une fois l'influence de la respiration sur la physiologie. L'inspiration stimule le système sympathique qui fait entre autre accélérer le cœur, alors que l'expiration favorise le parasympathique, qui fait ralentir le rythme cardiaque.


L'inspiration correspond donc à un moment d'excitation, de montée en énergie, et l'expiration à un retour au calme


Inspiration = intensité qui monte ; Expiration = relâchement

Voilà qui nous oblige une fois de plus à devoir écouter de la musique, quel programme difficile et exigeant ! Les moments d'inspiration et d'expiration ne sont pas toujours réguliers dans un morceau, au début il y aura des petits décalages. Avec l'habitude, la respiration d'adapte automatiquement à la musique lorsqu'on arrive à sentir le trait d'union entre elles.


Certains morceaux finiront en expiration, d'autres non. Il y en a même d'autres qui selon notre forme et notre état d'esprit, peuvent être "respirés" d'une façon différente. Le tout est que nous parvenions à sentir la communion entre ce que nous entendons et ce que nous ressentons.


Ainsi, d'une façon purement physiologique et donc très efficace, nous pouvons nous accorder aux émotions primaires présentes dans la musique


L'application en jouant


La plus grande utilité que je trouve à l'écoute respiratoire, c'est la richesse qu'elle peut amener à nos interprétations. Lorsque la respiration devient bien synchronisée avec la musique, nous aurons alors la capacité de lire nos partitions ou de nous visualiser jouer et de chercher où nous placerions l'inspiration et l'expiration.


Bien sûr cela est à dissocier de la technique du souffle des instruments à vent qui ne peuvent pas inspirer en faisant du son (à part l'harmonica et peut-être d’autres exceptions), c'est au niveau des sensations que cela se joue, la respiration n'est qu'un support pour découvrir cette approche.


L'autre avantage musical est l'enchaînement des phrases. Dans certains morceaux, il peut sembler ne pas y avoir de pause entre deux phrases, d'autres vont amener à chercher la juste suspension ou la légère anticipation afin d’enchaîner les phrases. Ce temps n'est pas précis et ne peut pas être noté, c'est comme l'effet comique. La même réplique dite une fraction de seconde trop tard ou trop tôt n'aura pas le même effet. Une question de rythme et de sensation de la pulsation.


Avec la technique que je viens de décrire, il est possible de sentir le rythme du morceau et donc d'adapter les pauses nécessaires et d’ajouter de subtiles variations de pulsation de façon naturelle et instinctive

Un dernier avantage constaté lorsque j'ai fait expérimenter cette forme d'écoute, à chaque fois, la posture de ceux qui essaient s'améliore de façon automatique. Concomitamment, la respiration se place parfaitement bien.


Une simple observation fugitive sur ces points par la personne, lui permet de prendre conscience de cette modification, et de trouver un point de repère personnel pour reproduire cette posture.


Il existe d'autres formes d'écoute propres à l’expérience et la sensibilité de chaque personne. Il s'agissait ici de décrire mon expérience, et de partager avec vous mes ressentis. Je pourrai ajouter qu'avec cette écoute, il est possible d'adapter la musique à écouter à nos besoins du moment. Ce serait certainement empiéter sur le domaine de la musicothérapie, que je laisse aux spécialistes.


Pour conclure, l'écoute respiratoire apporte de nombreux bienfaits, musicalement et physiquement surtout. Sa pratique régulière permet de profiter plus pleinement encore de la musique et d'être dans le même temps à l'écoute de nos corps et de nos émotions.


Bonne pratique et n'oubliez pas de vous amuser !

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