Dans les bases de la clarinette, qui peuvent s’appliquer à beaucoup d’instruments, j’ai parlé de la pulsation. L’article d’aujourd’hui va commencer à creuser un petit peu ce sujet simple mais vaste. La pulsation est fondamentale en musique et beaucoup de choses vont dépendre d’elle. La possibilité de jouer à plusieurs est un objectif régulièrement cité pour motiver les élèves.
La pulsation est aussi très importante pour l’interprétation, la structure de la musique et même l’intérêt suscité chez les spectateurs.
Pour donner quelques pistes de réflexion, je commencerai par donner une définition de la pulsation, avant de la personnaliser légèrement pour plusieurs types de sensibilités. Ensuite je parlerai de comment la ressentir et la développer avant d’interroger un des fondements de la définition habituelle de la pulsation.
Qu’est ce que la pulsation ?
La pulsation, est définie en règle générale comme un battement régulier servant de repère afin de délimiter les temps dans un morceau. C’est comme des poteaux électriques sur le bord de la route qu’on voit passer en roulant en voiture. Chaque poteau est une pulsation, le fil tendu entre est le temps qui s’écoule sans s’arrêter.
Cette comparaison convient facilement aux personnes visuelles. Pour ceux qui sont plus sensibles aux sensations on pourrait penser à la sensation de réaliser un cercle avec la main. Décidons arbitrairement que la pulsation se situe sur le point le plus bas du cercle, au moment où la main va remonter. Cet instant est la pulsation, le temps qui passe sans s’arrêter, c’est le mouvement de la main dans l’espace.
Enfin pour les personnes qui sont plus auditives, la pulsation peut être comparée aux cahots d’un train qui avance. Certes on entend plusieurs impacts quand le train passe sur une irrégularité du rail (une jonction il me semble), le premier est plus fort, disons que c’est celui là la pulsation. Le temps est la friction du rail et de la roue en continu.
Pour moi la pulsation est donc comme le battement de cœur de la musique, qui n’interrompt pas le temps mais le marque et le relance. Elle permet donc de donner une sorte de cadre au temps neutre, qui ne dépend que d’elle, et fait ressortir la structure des rythmes.
Les différentes façons de la ressentir
Vous avez sans doute remarqué que j’ai donné plusieurs exemples afin d’illustrer la pulsation. C’est que de mon expérience personnelle, nous avons tous un rapport différent à la pulsation et à tous les phénomènes similaires. Ces trois familles, visuels, sensitifs et auditifs sont celles que j’ai pu rencontrer et expérimenter.
Nous avons donc une facilité dans un des domaine. L’idéal est d’expérimenter afin de pouvoir ressentir à peu près la même chose dans les trois approches. Pour débuter, il vaut mieux bien sûr utiliser notre terrain le plus favorable.
L’entrainement si on peut l’appeler comme ça, consistera à écouter de la musique. Celle qui nous plait bien sûr pour associer l’utile à l’agréable ! En écoutant nous allons expérimenter quelle approche nous convient le mieux pour ressentir la pulsation. Ce peut être battre le pied, balancer la tête, les bras, tout ce qui vient et nous allons cultiver cela. Notre écoute de la musique deviendra un ressenti de la pulsation.
Lorsque nous jouerons, nous essaierons d’intégrer ce ressenti à notre jeu. D’abord en faisant ressortir particulièrement la pulsation puis en lissant un peu pour ne pas trop exagérer. L’erreur régulière chez les personnes chez lesquelles la pulsation n’est pas acquise, est qu’elles sont souvent trop concentrées sur le moment de la pulsation. Du coup elles oublient le temps qui passe sans s’arrêter et la pulsation n’a aucune forme.
Pour ces personnes là, la pulsation a tant d’importance que le temps s’arrête. De l’extérieur, leur pulsation semble erratique et sans aucune forme.
La régularité en question
Vous aurez repéré qu’il est question de régularité dans la définition officielle de la pulsation. En effet, le métronome nous apporte un battement à intervalle régulier. Cependant lorsque vous écouterez certains interprètes, vous pourrez noter des variations dans la pulsation.
Sans ces variations, il n’y a pas de ralentis possibles, ni au contraire d’accélérations, tout serait assez plat à vrai dire. Il existe bien sûr des musiques qui ne nécessitent pas ces variations et elles ont leur valeur, mais il faut être capable de tout faire !
Une fois la pulsation ressentie pour ce qu’elle est (un instant et pas un appui), nous sommes libres de jouer avec elle. Nous devenons alors comme des prestidigitateurs du temps qui semblent le compresser ou le dilater à volonté. Faire naitre une sensation de vide, d’attente ou surprendre l’auditoire.
Tout cela est bien sûr possible à plusieurs aussi, c’est une question d’écoute, la raison pour laquelle l’entrainement que je conseille part de là, mais aussi de complicité humaine.
Bonne pratique et n’oubliez pas de vous amuser !
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