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Les bases de la clarinette

Une fois n’est pas coutume, je vais parler clarinette aujourd’hui ! Je pense que les mêmes principes peuvent s’appliquer aux autres instruments à vent, cependant je ne me permettrai de parler que de ma propre expérience.


Quand il s’agit de définir nos objectifs, il est important de réussir à les catégoriser afin de cibler nos difficultés et de mieux les accomplir. J’utilise souvent l’image d’une construction afin d’aider à comprendre le travail à réaliser, sans perdre de vue l’objectif final qui est toujours de faire de la musique.


Dans ma conception de la technique de la clarinette, les bases sont la relaxation, la respiration et la pulsation. Les piliers sont l’embouchure, les doigts et la langue, le toit est composé du rythme et du son, et enfin le sommet est la Musique. Chacun de ces sujets pourrait faire l’objet d’un article à lui tout seul, je ne ferai qu’effleurer les principes dans cet article.





L’ordre n’est pas anodin, et chaque niveau de la pyramide doit être maîtrisé afin de passer au niveau suivant. De la même façon, toute difficulté rencontrée dans les étages supérieurs doit faire l’objet d’une analyse en repartant de plus bas dans la pyramide.

Ainsi, lorsque nous rencontrons par exemple un problème de son (justesse, legato ou timbre), il va falloir être capable de repartir au moins du niveau en dessous (embouchure, langue, doigts) pour comprendre d’où vient le problème, et si ça ne suffit pas, descendre encore plus bas. Le tout étant guidé par la musique que nous avons en nous.


Quand vous reviendrez en arrière pour régler des difficultés, vous réaliserez l’interdépendance de ces différents aspects du jeu et vous aurez parfois des surprises !

Vous remarquerez également que plus nous sommes bas dans la pyramide, plus les définitions seront réduites, à la manière d’un zoom avec un microscope. Ces bases n’en sont pas plus faciles, au contraire leur maîtrise étant plus objective que subjective, elles devront toujours faire l’objet d’une étude particulièrement exigeante. Sans entrer dans les détails, je vais décrire brièvement chacun des sujets évoqués :


Relaxation


A différencier de la détente et du relâchement. Il ne faut pas tomber dans le piège de chercher une certaine mollesse en jouant. L’astuce est de trouver l’effort minimal pour obtenir ce que l’on veut et s’en tenir là. Utiliser les muscles posturaux pour la posture et libérer ainsi les muscles de mouvement. Dans ce sujet j’inclus aussi la posture, qui inclue la tenue de l’instrument.


Respiration

Avec une posture optimale, la respiration pourra prendre sa place. J’aime pour la plupart des sujets, revenir à la source. Cela amène à des lapalissades assez navrantes, mais parfois, à force de chercher des complications, on oublie le principal ! La respiration est avant tout un réflexe de survie, les échanges gazeux réalisés dans les poumons nous apportent l’oxygène, et nous permettent d’évacuer notre gaz carbonique. Il sera donc indispensable de gérer l’air afin de ne pas créer une crispation naturelle lorsque notre cerveau sent que les corps est en danger. De mon expérience, les problèmes les plus difficiles à régler avec la respiration sont plus souvent en rapport avec la gestion de l’air.


Parfois le temps passé à essayer de faire comprendre qu’il faut respirer de telle ou telle façon crée davantage la sensation pour les débutants (et les moins débutants) qu’il y a une action particulière à faire pour respirer. A vouloir revenir au naturel, on ajoute juste des couches de crispations physiques et mentales. Objet de réflexion assez controversé pour les instruments à vents, je suis toujours partisan d’apprendre à écouter son corps et observer ses réactions, afin de modifier le moins de choses possible par rapport à la posture précédemment mise en place.


Pulsation


A la base de la musique, il y a la pulsation. Le terme est très bon car il se rapproche du battement du cœur. J’aime faire cette analogie car elle permet de rendre la musique plus vivante. Les pulsations sont comme des repères que nous devons avoir afin de rester cohérents. Tout comme le cœur, la pulsation n’est pas d’une stabilité imperturbable, et même si le travail avec métronome a de nombreux bénéfices, une interprétation sera plus personnelle si nous pouvons modeler notre musique.


Embouchure


Retour à la fonction primaire : la façon dont nous formons notre embouchure doit permettre :

1. De laisser vibrer l’anche

2. De diriger l’air expiré dans la clarinette

3. De garantir une stabilité de base au son tout en conservant une souplesse permettant les grands intervalles et les réglages de justesse


Je suis fermement convaincu qu’une bonne embouchure vient naturellement quand l’expiration est bonne, et en restant le plus naturel possible que ce soit au niveau de la position des lèvres, que celle de la mâchoire inférieure et aussi de la langue dans la bouche.


Langue

Avec une embouchure optimale et une expiration saine, nous devrions avoir la langue en position idéale pour détacher et la bonne réponse de l’anche pour obtenir un détaché de bonne qualité. La vitesse est un autre sujet, il vaut mieux trouver la meilleure action de la langue possible avant d’essayer d’accélérer. Tout est question d’individu, de forme de la bouche, d’implantation des dents, de longueur de la langue etc... C’est par les essais et les conclusions que nous en tirerons que chacun de nous peut trouver sa technique. Encore une fois quelques points directeurs :


1. La langue ne fait qu’interrompre la vibration de l’anche. En la touchant au bon endroit, et de la bonne façon pas besoin d’écraser celle-ci.

2. L’air expiré doit toujours être identique à celui utilisé lors du legato afin de retrouver au plus vite la vibration de l’anche

3. Le mouvement de langue doit être le plus réduit possible afin de ne pas modifier l’équilibre de la génération du son.

Une fois que nous avons trouvé notre meilleure façon de détaché, il est important de la cultiver en réservant une place pour le travail de la langue à chaque séance.


Doigts


C’est la partie la plus visible et souvent la plus impressionnante, que ce soit à tort ou à raison. En tout cas, une fois que les sujets précédents ont été acquis, s’il y a un problème pour l’émission du son, et que l’instrument est bien réglé, il est temps d’accuser les doigts ! Chaque doigt est différent et a son rôle. Certains sont assez hyperactifs (comme l’index gauche), d’autres ont la vie plus tranquille (les majeurs). En plus de l’indispensable connaissance des doigtés et les choix judicieux à faire pour les choisir, voilà mes trois points essentiels :


1. Les doigts bouchent les trous ou appuient sur les clés, ils ne tiennent pas l’instrument

2. Seul le pouce droit sert à maintenir la clarinette en équilibre avec les dents du haut

3. Le mouvement des doigts doit être réduit et souple afin d’être précis et pour ne pas faire bouger la clarinette de trop lorsque nous jouons

Lorsque nous avons développé une façon de bouger les doigts qui regroupe ces trois points, le travail des gammes et des études techniques devient réellement utile.


Rythme


Avec une bonne pulsation, une émission du son sûre et une technique digitale correcte, nous allons pouvoir être sûrs de respecter les rythmes écrits. Il est bien sûr primordial d’être capable de lire les rythmes, de savoir les dire ou les frapper, cependant sans une technique instrumentale accomplie, il est inutile d’espérer jouer les bons rythmes. Entre les notes qui ne sortent pas, et les hésitations de doigtés, nous n’aurions aucune chance. L’objectif que j’aime avoir en jouant, c’est de permettre aux auditeurs de pouvoir réécrire les rythmes. Cela ne s’applique pas à toutes les musiques mais cet objectif permet de bien s’écouter et d’être exigeants avec nous-mêmes.


Au delà de l’aspect individuel de chaque note, le rythme est aussi inscrit dans le respect de la métrique (barres de mesure), des phrases et des carrures du morceau. Le rythme c’est un peu les mathématiques de la musique ! Certes les cadences pourraient être rapprochées davantage à l’analyse harmonique mais selon moi, le découpage schématique d’un morceau rentre dans le cadre du rythme.


Son


C’est bien sûr un élément qui doit être au premier plan, et pourtant il se situe haut dans la pyramide car il nécessite de maîtriser beaucoup de choses. C’est un peu notre signature, notre apparence. Il contient des aspects principalement subjectifs, d’autres un peu plus objectifs. Une liaison réussie ou la justesse sont difficilement discutables. En revanche le timbre et le vibrato correspondent à chaque individu. La nuance d’une partie d’un morceau est à mettre en relation avec les autres nuances de ce même morceau, et son contexte (clarinette seule ou soliste de concerto).


Chaque personne a une conception différente du son et doit développer sa propre voix sur la base de ce qu’elle a entendu. Il est plus aisé de se fondre dans la masse et d’avoir un son conventionnel, mais j’encourage tous mes élèves à sortir des sentiers battus et à vraiment jouer comme ils aiment. En tant que clarinettistes nous avons des à-priori et des attentes. Cependant les autres instrumentistes et surtout les auditeurs ne pratiquant pas d’instrument, viennent juste pour entendre de la musique. Ecoutez des musiciens d’autres pays, d’autres instruments que le votre, des enregistrements récents, ou anciens, trouvez ce qui vous touche le plus ou vous semble le plus juste même si ce n’est pas la norme. Le plus important est d’aimer ce que l’on fait.


Enfin, il faut prendre en compte que le son que nous entendons en jouant n’est pas le même que celui que les spectateurs éloignés entendent. L’enregistrement est souvent utile dans ce cas, avec un matériel de qualité bien sûr.


Musique


La musique englobe tout ce que nous avons vu précédemment. Pour être produite avec naturel, il va falloir avoir acquis les moyens (technique), mémorisé les règles (théorie), les mettre en application (répétition) et ajouter ce petit je ne sais quoi de personnel qui fait la magie des interprétations. Cet ingrédient magique c’est tout le vécu que nous avons, notre façon de vivre nos émotions, ce pourquoi il est important d’être assez au point avec nous-mêmes concernant ces sujets.


Ce fameux vécu ne se trouvera pas dans la salle de travail : qu’aurions-nous à raconter de manière convaincante si nous ne vivons toujours qu’entre quatre murs et que notre vision se limite à des symboles éparpillés autour et entre cinq lignes ? Notre originalité est dans nos passions et nos activités.



Encore une fois, chacun des sujets que j’ai évoqués dans cet article mériterait un article à lui tout seul. Ces articles viendront par la suite, il s’agissait ici de dresser un tableau général avec des grandes lignes pouvant servir de support à la réflexion.

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