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Présence et disponibilité

Dans l’article de la semaine dernière que je vous invite à lire si ce n’est pas fait- je vous ai décrit ce que j’appelle présence, et en quoi elle est différente de la concentration telle que je la comprends du moins. Cette fois, je vous partage mes réflexions et les outils que j’utilise afin d’avancer dans ce domaine.



*Lorsque nous sommes présents et disponibles, nous pouvons recevoir des informations de l'extérieur et interagir avec


L’obstacle


Dans notre recherche de la disponibilité et de la présence, nous allons rencontrer un puissant adversaire, notre égo. Pour résumer, c’est l’image de nous-mêmes que nous avons construit. Cet égo a envie d’exister et donc d’avoir raison. Cela peut nous amener à des situations absurdes où pour prouver par exemple que nous sommes un musicien médiocre, nous allons saboter de manière inconsciente nos prestations ou minimiser nos réussite. Nous sommes un peu masochistes quand on y pense. Vous ne l’avez peut-être pas réalisé sur le moment, mais après cet échec au premier tour d’un concours après une prestation largement en dessous de vos capacités, est-ce qu’un petite voix n’a pas dit que c’était couru d’avance que vous n’y arriveriez pas ? Que vous n’aviez pas assez travaillé ? Que les autres étaient meilleurs ? Cette petite voix n’avait-elle pas le ton satisfait du « je te l’avais bien dit ! » ?


Cette petite voix c’est notre égo, bien content de pouvoir se renforcer. Le problème c’est que notre égo ce n’est pas nous et qu’il nous impose des limites. Notre être est capable de réaliser des choses merveilleuses quelles que soient les situations. Je dis bien notre être, pas notre corps seul ou notre mental, c’est bien au moment où les deux fonctionnent ensemble.


Encore une fois nous voudrions dresser une barrière entre nous et nos pensées et émotions, n’oublions pas le tableau avec toutes ses couleurs (voir article sur la concentration) ! Nous devons faire avec et apprécier la beauté de l’ensemble. Lorsqu’une pensée vient, nous devons très rapidement réaliser qu’elle est ici, puis tout aussi rapidement la laisser repartir d’où elle vient. Nous ne pouvons pas empêcher les pensées, ni les ignorer, cependant nous pouvons ne pas enclencher le filtre qui nous fera oublier tout l’ensemble.


Lorsque nous jouerons en public il y aura une certaine peur, un frisson qui nous fera accélérer le cœur. Si nous nous focalisons dessus nous n’exprimerons rien d’autre qu’un sentiment de malaise effrayé. Si nous laissons la peur à sa place, au même niveau que les autres couleurs, nous exprimerons toute une palette d’émotions qui seront alors surmontées d’un petit frisson que le public ressentira comme une légère chair de poule, c’est ce qui rend les concerts en public encore plus merveilleux.


Des outils


Il y a de nombreuses méthodes d’approche de l’état que je vous ai décrit. De la méditation à la relaxation, tout peut avoir ses bons côtés et ses inconvénients. Dans ma vision personnelle de la chose, je privilégie une technique nommée le scan corporel, j’aime le relier en parallèle à ce que je nommerais le scan émotionnel. D’abord le scan corporel


Scan corporel


Souvent, cette technique est associée au fait d’être allongé, mais je ne trouve pas cela forcément nécessaire ni utile pour l’action. D’un côté plus pragmatique je préfère être au moins debout voire en position de jouer, avec instrument ou non.


Dans un premier temps, cette exploration inhabituelle de nous-mêmes semblera étrange. Les yeux fermés si vous le désirez vous allez entrer en contact avec les sensations que vous renvoient les différentes parties de votre corps. Il s’agit d’un contact, pas d’un jugement ni d’une tentative de correction de quoique ce soit dans un premier temps au moins. De manière automatique vous ferez quelques ajustements, mais n’essayez pas d’enregistrer individuellement chacune de ces modifications en espérant arriver à une posture idéale.


Commencez progressivement, membre par membre d’abord, une jambe puis l’autre, le tronc, un bras puis l’autre et la tête. Lorsque cette étape sera franchie, zoomez un peu plus en visant les pieds, bas de jambes, cuisses, fessiers, abdomen, torse, mains, avant-bras, bras, cou et tête. Concernant les membres restez à un à la fois. Cela prendra du temps au début mais soyez patients comme toujours. La pratique régulière vous amènera à des résultats impressionnants.


Dans les étapes suivantes ajoutez les articulations reliant chacune de ces parties, puis la notion de avant/arrière du corps. Continuez de réduire votre champs d’investigation. Enfin, lorsque vous arriverez à sentir au niveau des phalanges de chaque doigt et à différencier clairement la malléole interne de l’externe au niveau de vos chevilles, retournez vers le point de départ à rebours : en additionnant les sensations individuelles de ces différentes parties, constituez des ensembles. De retour à la première étape, une jambe ne sera plus une sensation assez diffuse, mais une construction complexe maillée d’interactions.


Une fois arrivés là, commencera le travail de mise en action. Commencez à relier les différentes parties du corps en utilisant les articulations comme points de pivot. Lorsque tout votre corps sera devenu une sorte de toile géante et que vous aurez la sensation que contracter vos orteils a une incidence sur la base de votre cou, vous aurez repris connaissance avec votre corps.


Scan émotionnel


En parallèle du scan corporel, nous pouvons mener un scan émotionnel. Ils n’auront pas la même vitesse d’évolution, et c’est normal. Ici encore, la simple observation sans jugement sera préférable. Bien que ce fameux jugement soit automatique dans notre mode de fonctionnement, il faudra parvenir à le laisser de côté et ne pas nous focaliser dessus. En effet, le jugement crée une nouvelle émotion qui dilue ce qui était là de base et l’altère.


De même que nous avons commencé l’exploration de notre corps avec des repères très simples, nous pourrons explorer nos émotions de cette façon. D’abord des émotions que j’appelle primaires, comme la joie, la tristesse, la colère etc... Puis nous chercherons les nuances dans ces émotions : comment elles naissent, enflent, puis disparaissent. Ce qui les nourrit ou les apaise. Dans ces nuances nous pourrons commencer à chercher les articulations entre ces émotions. Enfin, nous pourrons être amenés à sentir leur nature commune. Avec de l’entrainement, je pense qu’il est également possible de trouver des instants neutres entre deux émotions.


J’ai laissé de côté les interactions corps et émotions pour le moment comme vous l’avez remarqué. C’est ici que j’aime faire quelques exercices pouvant s’apparenter au théâtre. Je vais chercher dans mes souvenirs un épisode vécu qui a laissé une forte empreinte émotionnelle. En me remettant dans cette situation, je reste en contact avec mon corps et les sensations qu’il renvoie. Je ne décrirai pas ici mon ressenti personnel car je pense que cela est différent pour chaque personne, mais je vous garantie que vous serez très surpris de l’influence que les émotions ont sur nos corps et inversement.


Tous ces exercices nous permettront à terme d’être présents, si ce n’est à chaque instant, au moins dans les moments importants comme une séance d’instrument ou un concert. En raison du format de ces articles, je ne peux qu’effleurer ces concepts, si vous voulez plus de détails, je pourrai consacrer un article à un ou plusieurs points qui ne vous ont pas semblé clairs.

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